être oeuvre
Exposition « La grue niche sur le toit », Musée des Beaux Arts de Limoges 2007
Le Musée de l’évêché lors de sa transformation à décidé d’ouvrir une salle d’exposition à des artistes contemporains pour interroger cette métamorphose.
Métamorphose d’un lieu, objets de métamorphose.
Jouer du chantier comme du passage sur les fils d’une rencontre spatio-temporelle improbable où pourtant se niche notre sentiment d’être présent remplit d’un passé collectivement admis et individuellement ingéré. L’autre, dans ce travail, est récepteur/émetteur, activateur de l’œuvre, l’œuvre elle-même.
« être œuvre -1 » Translation
Deux Séchoirs de corps anthropomorphiques sont posés au sol et accrochés à des ventilateurs, semblables à des cocons d’air en respiration continue. Les visiteurs sont invités à poser leurs chaussures et à entrer dans les pièces afin de sécher. De la couleur des moulures, d’un vert-turquoise amenée à disparaître, ces objets répondent à la question de la transformation du musée en créant une mémoire du lieu.
Lorsqu’un corps est plongé dans le musée, il pénètre cet espace gorgé de son humidité propre - sudation souvent amplifiée par celle liée aux intempéries. L’augmentation brutale de l’eau dans l’air, provoquée par cette intrusion, implique des conséquences parfois néfastes sur les œuvres exposées. L’un des points traité dans la transformation à venir est la création d’un couloir souterrain d’accès au musée, fonctionnant comme un sas d’acclimatation et de séchage.
Partant de cette idée et considérant que le spectateur qui pratique les objets devient l’œuvre, le sécher revient à troubler les repères de manière ludique. Isolé dans cette enveloppe, le corps fait une triple expérience : celle d’être allongé dans un musée, celle de son corps séché une fois sorti et celle d’être «œuvre» durant le temps de l’expérience.
« être œuvre - 2»
Fines membranes situées entre deux univers, séparation et/ou point de contact, les placards, vitrines de la salle d’exposition attenante à la chapelle, murmurent et dissimulent l’ancienne présence d’espaces domestiques et celle d'actuelles reserves. Des siéges occupent et transforment ces vitrines incitant à prendre place contre cette fine paroi pour jouer au passe muraille. Une fois assis, harnaché des diverses ceintures de sécurité, isolé par un casque fermé, s’amorce alors une traversée en aveugle, guidée par les sons d’un musée en métamorphose, comme pour retrouver l’épaisseur de l’espace dans ce temps de transit. Lors de cette occupation par le corps le spectateur prend place et prend la place de l’œuvre.
« être œuvre - 3 »
Déambuler dans le musée muni d’un cabas contenant une œuvre à porter. Puis choisir, soi-même, comment s’installer, habiter l’objet et le lieu, enfin, devenir une sculpture vivante comme un écho, une résonance des œuvres du musée. Ouvrir, par cette présence mobile et impromptue, déplaçant sans cesse les lectures, une brèche où fusionnent différents temps, différents espaces, différentes représentations.
« être œuvre », être, en somme, œuvre ouverte.